Holy Motors de Leos Carax

Publié le par happy rain

Que de critiques élogieuses à l'égard du dernier Leos Carax...C'est donc, pleine d'attentes et de curiosité que je suis allée voir Holy Motors. L'introduction fait magnifiquement appel aux sens du spectateur. Dans une chambre, des sons d'un port de pêche. Denis Lavant sort de son lit. Il regarde par la fenêtre et nous voyons une ville plongée dans la nuit, mais pas de traces de bateaux. Nous découvrons alors que les sons proviennent d'une salle de cinéma située derrière la chambre de Denis. Mais malheureusement, cette expérience ne se poursuit pas vraiment dans le reste du film. En tout cas, pas assez à mon goût. Je suis sortie perplexe de la salle de cinéma. Pourtant, Denis Lavant excelle dans ses onze interprétations différentes. Et en y repensant, je garde étonnament un doux souvenir de ce film. L'émotion est venue après. Plein de scènes, d'images sont grâvées dans ma mémoire. Celle des limousines qui communiquent entre elles dans le garage. Celle de la sculpturale et troublante Eva Mendes, en costume de princesse orientale, au côté d'un sauvage esthète. Celle de l'intimité pleine de gêne et en même temps touchante entre Denis Lavant et sa chauffeuse qui est peut être la personne qui le connaît le mieux. Sa seule véritable amie? Celle du doigt arraché. Celle des fleurs mangées à pleine bouche dans le cimetière. Celle de Denis Lavant qui retrouve sa "famille" de primates à la fin de la journée...Une certaine poésie et mélancolie parcourent l'ensemble de ce film plastiquement très réussi. La mélancolie naît de la triste vie du personnage principal, condamné à être jour après jour dans la peau d'autres que lui. D'autres que lui ou disons plutôt tous les hommes qu'il pourrait être, qu'il est probablement. Ce qui fait la force d'Holy Motors, c'est aussi l'humour, l'autodérision, qui viennent accompagner chaque scène. Leos Carax prend le risque du ridicule, du grotesque. Cela donne de la grandeur au film. Plus profondemment, Holy Motors interroge ce qu'est la beauté, la laideur et les capacités du spectateur à encore ressentir des émotions face au monde et aux images qu'il nous offre, dans la vie mais aussi au cinéma. Cette posture conceptuelle fait à la fois la force et la faiblesse de ce film qui est tout de même un chant d'amour à la mise en scène et à l'acteur. 

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Publié dans critique de film

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