Oslo 31 Août de Joachim Trier

Publié le par happy rain

En ce lendemain des évènements tragiques qui se sont déroulés à Toulouse, j'aurais pu décider d'aller voir une comédie pour me changer les idées.

Mais non, c'est Oslo 31 Août, un film norvégien très triste, qui m'a attiré dans la salle obsure. 

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Il s'inspire du roman Le Feu Follet, écrit en 1931 par l'écrivain Pierre Drieu La Rochelle. N'ayant pas lu ce livre, je peux difficillement en parler. Mais, je peux au moins vous dire quelques mots sur ce film qui m'a beaucoup touché. 

 Le film s'ouvre sur de vieilles images d'Oslo. Des voix off parlent de souvenirs. Par cet aspect documentarisant, Joachim Trier, le réalisateur de ce film nous renvoie à nos propres souvenirs, au sentiment de nostalgie ou de mélancolie qui peut tous nous étreindre.

Une femme que l'on ne voit pas, raconte que son petit ami préférait le mot "mélancolie" au mot "nostalgie". Il parait que cela n'est pas tout à fait la même chose. La mélancolie est peut être plus tenace que la nostalgie. Elle me semble plus difficile à expliquer. La nostalgie est associé à des choses que l'on a vécues et qui ne sont plus. La mélancolie n'a pas forcément d'origine extérieure à la personne qui en est la victime.Mais il y a surêment des degrés différents de nostalgie et de mélancolie. 

 Et puis, dans une chambre obscure, on rencontre Anders, le mélancolique d'Oslo 31 Août avec qui l'on va passer 48h. Il ressemble à un skinhead avec son corps maigre et ses cheveux blonds coupés très court. Mais il a un beau visage et un regard triste. Il est assis, pensif. Une femme allongée dans le lit le regarde avec tendresse. Déjà, on peut imaginer la fragilité d'Anders. 

Il sort et prend des chemins de traverse. L'inquiétude pointe en nous et ne nous lâchera pas...jusqu'au bout de la nuit. Le film fonctionne sur des fausses pistes, sur le caractère insaisissable d'Anders. Au bord d'une rivière, il enlève puis remet sa veste. Il met des pierres dans ses pôches et pour être sûr de bien coûler, il prend dans ses bras une grosse pierre. La mise en scène refuse l'excès de dramatisation. Ni musique (dans cette scène du moins), ni multiplication des plans. La caméra reste à distance. C'est tout seul qu'Anders refait surface. A ce moment là, nous pouvons croire qu'Anders est sauvé, qu'il a trop peur de mourir. Cette scène, par sa sobriété est assez bouleversante. D'autant plus que nous ne savons pas encore pourquoi Anders en est arrivé là. 

Nous l'apprenons très vite après. Et là encore, le film nous égare puisqu'alors que nous pensions qu'Anders s'était autant perdu que nous dans cette forêt, il se trouve qu'il a tenté de se suicider juste en dessous du centre de désintoxication où il lui reste 15 jours à passer. Pourquoi vouloir mettre fin à ses jours au moment où il va bientôt pouvoir reprendre une vie à peu près normale? Anders est un ancien toxicomane, mais loin des clichés. Il avait tout pour être heureux: une vie de famille normale, une belle gueule, une carrière de journaliste, des amis, etc.

Pourtant, Anders est plus au bord du gouffre que jamais. Un rien peu le faire tomber du fil. Alors Anders profite de cette journée de permission pour renouer avec son passé et voir si la vie vaut la peine d'être vécue. Il rend visite à son ami Thomas qui comme beaucoup de trentenaires, vit en couple, a un enfant. Mais Thomas n'a pas non plus une vie de rêve comme il l'explique à Anders. Thomas commence d'abord par répondre maladroitement au mal être d'Anders, par des citations philosophiques parce qu'il y a quelque chose de désarmant dans le regard et les mots d'Anders. Puis, Thomas, qui est quand même l'ami d'Anders, fini par accepter le face à face, les mots justes pour parler de ce qui ronge Anders. C'est Thomas qui nous fait découvrir l'autre Anders. Celui qui pourrait être heureux. Mais il n'est pas Anders. Un jeu de clair obscur irrigue le film. La tension est palpable dans chaque plan.

Il continue sa journée par un entretient d'embauche, pour travailler dans un journal. Cela s'annonce plutôt bien au début. Mais Anders perd pied quand la question de son passé de toxicomane est abordé. Une autre rencontre va finir de le miner. 

Une des plus belles scènes du film se passe dans un café où Anders, seul, écoute les conversations des gens autour de lui et s'imagine leur vie...A plusieurs reprises dans le film, nous assistons à l'effacement d'Anders au profit de ce qui se passe autour de lui. C'est visuellement et émotionnellement très fort. 

La nuit venue, il se rend dans une fête. Et il boit. Il se laisse ennivrer par la douceur de la nuit. Les filles sont belles. Le monde d'Anders est plus flottant que jamais. Et nous sommes terrifiés parce qu'Anders est en train de nous échapper... 




 

Publié dans critique de film

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H
<br /> merci d'avoir laissé un commentaire Aurélien, j'apprécie. cela donne un peu plus de sens à la tenue de ce blog! Bon Weekend! Bise<br />
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E
<br /> Hello Chloé <br /> <br /> La pub marche bien pour ton blog <br /> <br /> J'ai vu ce film aussi. Ce film ne m'évoque pas les adjectifs "mélancolique" ou "nostalgique" au premier abord... Mais plutôt "grosse déprime" voire "gros coup de pompe"...<br /> <br /> <br /> Curieusement le personnage principal me rappelle un peu Spud (de Trainspotting, celui qui fait "caca" dans le lit de sa copine pour resituer...). Mais pas le Spud stupide de Trainspotting. Un<br /> Spud désabusé et quasi neurasthénique qui n'attend rien de la vie... Outre effectivement les premières minutes du film et son copain déjà installé avec femme et enfant qui se pose lui aussi<br /> beaucoup de questions, ce film ne n'a pas vraiment emballé... Je le trouve désespérément dans l'air du temps et donc, négatif... D'ailleurs, il me semble que le personnage du roman est alcoolique<br /> et pas toxicomane bien que je ne l'ai pas lu non plus...<br /> <br /> Aurélien <br />
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H
<br /> <br /> Salut Aurélien! je n'ai pas vu Trainspotting...honte à moi! c'est drôle mais je n'ai trouver ce film ni positif, ni négatif, juste beau et triste. mais je comprends que l'on puisse le trouver<br /> déprimant même si cela n'a pas été mon cas. Je ne suis pas d'accord quand tu dis que ce personnage n'attend rien de la vie. Ultra fragile il est, et cela peut se comprendre. Il a l'impression de<br /> vivre dans une no life et même si son espoir d'une renaissance est ultra mince, c'est pourtant cet infime espoir désespéré qui donne sens au film. Le film montre bien comment tout peut<br /> parfois tenir à un fil. La sensibilité exacerbée du personnage à ce qui l'entoure le montre bien. et la scène du début dans la rivière dit tout du film. Malheureusement, sa fragilité aura le<br /> dessus mais ce n'est pas pour autant qu'il n'attendait rien de la vie. On attend toujours de la vie. D'après moi. Et c'est peut être même quand on est au plus bas, qu'on attend le plus de la vie.<br /> Et alors là, c'est sûr, ce n'est pas un jeu d'enfant! <br /> <br /> <br /> <br />