Une bouteille à la mer de Thierry Binisti, 2012

Publié le par happy rain

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Critiques mitigées, critiques dures de la part des revues spécialisées. A mon goût en tout cas. C'est toujours une prise de risque de réaliser un film sur le conflit israélo palestinien parce qu'on vous attend forcément au tournant. D'autant plus qu'il y en a eu d'autres des films qui traitent de ce sujet, dans des registres différents : Miral de Julian Schnabel, Le Cochon de Gaza de Sylvain Estibal, Pour un seul de mes deux yeux de Avi Mograbi, Valse avec Bachir de Ari Folman, Les Citronniers de Eran Riklis, Intervention Divine de Elia Suleiman, etc. Et parmi ces films, il y en a même que j'ai préféré à celui dont je vais parler ici. 

C'est toujours ça la question qui se pose (ou pas): comment l'aborder? comment satisfaire tout le monde? C'est peut être tout simplement pas possible. Alors faisons comme bon nous semble. Faisons du cinéma. 

Au départ, il y a un roman, celui de Valérie Zenatti: Une bouteille dans la mer de Gaza.

Et puis il y a un film, celui de Thierry Binisti : Une bouteille à la mer, qui est l'adaptation cinématographique de ce livre. Valérie Zenatti a participé au projet en tant que co scénariste. 

Valérie Zenatti a vécu son adolescence en Israel. L'histoire d'Une bouteille à la mer n'est pas une histoire autobiographique mais elle est née d'un vécu et d'un ressenti réel. 

Le film s'ouvre sur un fond noir accompagné des sons d'un repas ou d'un moment animé de la journée. Et puis tout d'un coup, le bruit d'une bombe qui explose. Un kamikaze vient de commettre un attentat à Jerusalem, dans un café. On est en 2007. Mais, ce ne sont pas les images de la catastrophe que l'on découvre ensuite. Nous sommes dans une fiction, avec des personnages. La première image après cette bande son saisissante, c'est celle de Tal, une adolescente rousse, au teint diaphane, dont le sommeil vient d'être brutalement interrompu par ce conflit interminable, quotidien et à la complexité effrayante. Elle habite à Jerusalem avec ses parents. Elle est française. Privilégiée. Mais elle cotoie tout de même ce cauchemar et a du mal à y rester indifférente.

Alors Tal décide d'écrire une lettre dans laquelle elle verbalise son incompréhension de cette guerre, de ces gestes meurtriers et son désir de connaître cet étranger qui est tout près et pourtant si loin... c'est à lui, à cet inconnu palestinien qu'elle adresse sa lettre. Là où le geste purement symbolique se concrétise, c'est dans la réponse attendue par Tal. Elle a glissé son adresse mail à la fin de sa lettre. 

Son frère, un soldat, va jeter pour elle, cette lettre dans une bouteille à la mer, près de Gaza. 

C'est Naïm et sa bande de copains qui vont trouver cette bouteille sur la plage de Gaza. Le film décide de croire au possible. S'ils vont tous se moquer de cette jeune fille de 17 ans comme si elle vivait au pays de Candy, Naïm, en secret, prend quand même la peine de lui répondre, sous le pseudonyme de "Gazaman". Mais Naïm ne se transforme pas en bisounours. Il montre d'abord une grande méfiance à l'égard de la main tendue par Tal. Au fil des mails, la carapace de Naïm va se briser et une amitié virtuelle mais sincère va s'installer entre lui et Tal. Chaque réponse tardant à venir se transforme en inquiétude. 

Je ne pense pas que ce film ait volé les prix qu'il a obtenu. Il les a mérité. Les discours sur la naïveté des histoires dès qu'elles montrent un brin d'optimisme ont tendance à m'agacer. Qu'est ce qu'il y a de mal à espérer?  

Et là où le film réussi à trouver un équilibre parfait entre réalisme et idéalisme, c'est dans le portrait de ces deux adolescents qui sont contraints par leur milieu et se révoltent mais dans une certaine mesure. Ils ouvrent surtout les yeux et grandissent mais pas sans vivre certaines épreuves.

Les deux acteurs principaux, Mahmud Shalaby et Agathe Bonitzer, pas des grandes stars mais des jeunes comédiens qui commencent à bien tourner, sont convaincants, beaux et touchants dans ce film, qui sans être un chef d'oeuvre ni d'une grande originalité, apporte un peu de lumière en ces temps obscures, avec finesse et simplicité. 



Publié dans critique de film

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