Ciné Latino 25èmes Rencontres de Toulouse - 15 au 24 mars 2013
CinéLatino est sans doute LE festival de cinéma le plus attendu de l'année à Toulouse. C'est terminé pour cette année...Dommage! Comme d'habitude, j'aurais aimé en profiter plus...
Je vais vous parler d'un film que j'y ai vu.
Mon coup de coeur : La Playa D.C., un premier long métrage colombien de Juan Andrès Arango dont la date de sortie en France est prévue le 17 avril 2013.
La Playa D.C. a fait l'ouverture du festival avec un autre film, Enfance Clandestine de Benjamin Avila.
La Playa est un quartier de Bogota, en Colombie. Tomas, un jeune afro colombien y vit avec sa mère et son compagnon. Ils ont fuit la guerre qui faisait rage dans leur village de la côte pacifique. Mais la ville, sous ses airs civilisés, bouillonne de violence. Tomas a deux frères. Il est le plus jeune d'entre eux. Il se fait du souci pour son frère cadet, Jairo, un garçon fragile, qui met sa vie en danger en fréquentant la mauvaise graine de Bogota. Jairo a trouvé dans la drogue un dangereux et trompeur parfum d'évasion. Quant à Chaco, l'ainé, il ne rêve que d'une chose, de quitter cette ville pour aller vers le nord.
Et Tomas, que veut-il? Entre son attachement à ses origines et ce désir d'un ailleurs, Tomas vacille. A partir du moment où il fait le choix de quitter son foyer plutôt que d'abandonner son frère, que tout le monde, y compris sa mère a laissé tomber, Tomas ne peut plus faire marche arrière. Il vient de rentrer dans la cour des grands. A lui de ne pas se tromper de chemin. Armé d'une tondeuse et d'un certain talent artistique, Tomas devient apprenti coiffeur. Dans cette capitale labyrinthique, les noirs sont minoritaires et victimes du racisme des blancs mais Juan Andrès Arango, le réalisateur, ne les montre pas seulement victimes. Ensemble, certains arrivent même à s'en sortir plutôt bien, même si cela n'est pas toujours dans la plus grande légalité. Au côté de Tomas, nous découvrons la culture urbaine à la fois attirante et inquiétante de cette communauté afro colombienne.
Mais Tomas ne perd pas de vue son objectif principal : retrouver son frère, en vie si possible...
Malgré quelques clichés qui apparaissent plus comme de gentilles maladresses que comme de véritables défauts, La Playa D.C. se révèle être un grand film sur la quête identitaire. Le corps y est mis en scène avec beaucoup de finesse et de profondeur. Le parcours initiatique de cet adolescent au visage doux et magnifique n'est pas le moins du monde attendu. Pas que l'on ne puisse imaginer son choix final mais le doute persiste jusqu'au bout et sans trop en faire . Juan Andrès Arango montre d'une façon à la fois tendre et dure le passage à l'âge adulte. La Playa D.C., par les contrastes qu'il opère entre images d'une nature révée, originelle et images d'un réel violent et étouffant, m'a rappelé le très émouvant et enchanteur Les Bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin.
Je ne saurais que trop vous conseiller d'aller le voir!