Sailor et Lula (David Lynch, 1990) - Wild at heart (titre original)
Roméo et Juliette, plus attachants et sexys que jamais
Une histoire extraordinaire peut faire un mauvais film, comme une histoire banale peut faire un film extraordinaire...Sailor et Lula, réalisé par David Lynch en 1990, fait parti de la deuxième catégorie. Palme d'or à Cannes en 1990.
Le cinéma, sans forme particulière, perd tout son intérêt.
Sailor et Lula n'est pas un des films les plus expérimentaux de Lynch (Eraserhead ou Mulholand Drive) mais pas non plus, un de ses films les plus classiques (tels Une histoire Vraie ou Elephant Man) . Du moins, aucun doute que l'on se trouve devant un film de ce réalisateur. A la lisière entre le rève et le cauchemar, Sailor et Lula, comme tous les films de Lynch, plonge à bras ouverts dans un univers fictif. Son cinéma s'éloigne de la réalité, sans réellement vouloir s'en détourner. De façon subtile, Lynch nous rend sensible à son cinéma, sans que l'origine de nos émotions soit claire.
Sailor (Nicolas Cage) et Lula (Laura Dern) sont fous l'un de l'autre...sauf que la maman de Lula, Marietta (Diane Ladd), n'a pas l'intention de laisser roucouler les tourtereaux. Elle engage un tueur à gages afin d'éliminer le jeune homme qui la dépossède de sa fille...sa petite fille qui n'est plus si petite que cela d'ailleurs... 20 ans déjà. Alors pourquoi la mama s'acharne-t-elle à vouer une haine si profonde à Sailor?
Bienvenue dans un monde où tout est possible..."Quelque part, entre la Caroline du Nord et la Caroline du Sud" (première phrase du film), là où l'ultra violence cotoie la douceur la plus grande. Ainsi un slow d'Elvis Presley succède à une tempête hard rock signée Powermad. Pas de demie mesure, tous les sentiments sont exacerbés. Ce qui peut au premier abord agacer certains. D'autres seront en exaltation pendant tout le film.
Ou encore, il y aura, ceux qui comme moi, ont été surpris et puis ont rapidement accepté la règle du jeu : se laisser conter cette délirante histoire...Manichéenne, mais tellement poétique au fond : la flamme d'un incendie qui devient celle d'une cigarette, etc.
Un amour passionnel, sans limites, va conduire Sailor et Lula à travers un road trip, et pas des plus ordinaires...
A la fois rock'n'roll, gore et onirique, leur voyage va les amener à croiser la route de Bobby Perru (Willem Daffoe), un dangereux pervers...
Chez David Lynch, il y a une route et les bas côtés à ne pas négliger... qui sont empruntés sur le ton de la plaisanterie, mais on rit jaune...
Un cousin hanté par le père noel et des extraterrestres; un "oncle" violeur; un père qui prend mystérieusement feu; une mère, aux ongles longs au dessus d'une boule de cristal, qui pique des crises d'hystérie. Marietta a des allures à la fois de sorcière et de poupée barbie. Le visage peint en rouge, elle apparait à la caméra, en même temps qu'une musique nous la rend encore plus terrifiante.
Elle est à l'image de la sorcière du Magicien d'Oz, célèbre conte de la littérature et du cinéma, dans lequel le spectateur et les personnages de Wild at heart sont replongés .
Sailor et Lula (exceptés quelques dérapages qui peuvent se justifier...) incarnent à eux deux, l'innocence propre à l'enfance, dans ce monde sans pitié pour les rêveurs.
La morale de cette belle histoire, romantique malgré tout (plus que tout!) : ne surtout pas se détourner de l'amour!
Love me Tender!