Shokuzaï : Celles qui voulaient se souvenir/Celles qui voulaient oublier

Publié le par happy rain

 

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Shokuzaï, sorti en mai 2013 en France, est le dernier film de Kiyoshi Kurosawa (né en 1955), à ne pas confondre avec Akira Kurosawa (né en 1910 et mort en 1998). Ils ne sont pas de la même famille mais ils sont tous les deux, de très grands cinéastes. 

C'est la deuxième claque cinématographique de l'année que je prends après Mud, de Jeff Nichols. Je suis retournée voir Shokuzaï une deuxième fois. C'est vous dire à quel point ce film m'a plu! 

 A l'origine, Shokuzaï est une série télévisée japonaise constituée de cinq épisodes. Ces derniers ont été rassemblés en deux volets pour le cinéma : Celles qui voulaient se souvenir et Celles qui voulaient oublier. Shokuzaï est tiré d'un roman de Kanae Minato. Je ne connais pas ce livre. Par contre, il m'a beaucoup rappelé les nouvelles étranges de Yoko Ogawa (Les Paupières par exemple), notamment le premier chapitre du premier film.

 Les personnages principaux de ce film sont des femmes, unies par un drame qui a bouleversé et dirigé leur vie. Cinq petites filles de la même classe, jouent ensemble dans la cour de leur école. Un homme s'approche et demande à l'une d'entre elles de venir l'aider à récupérer quelque chose dans un passage trop petit pour lui...Quelques instants plus tard, ses amies la retrouvent sans vie dans le gymnase. La mère ne leur pardonnera pas de ne pas se souvenir du visage de l'assassin. Elle leur fait promettre à chacune, au cas où elles n'arriveraient pas à retrouver la trace du criminel, de lui donner un jour quelque chose en échange, qui pourra compenser la mort de sa fille. Quinze ans plus tard, nous voyons ce qu'elles sont devenues et le passé les rattrape soudainement. Shokuzaï veut dire "pénitence" en japonais. Ce film porte bien son nom. C'est une véritable malédiction qui s'abat sur ces jeunes filles mais aussi sur la mère de la victime, même si elle n'en subira les conséquences qu'à la fin.

 Les cinq chapitres sont très différents les uns des autres. A chaque chapitre correspond un personnage. Chacun a sa propre respiration, son propre rythme, sa propre musique mais ils se complètent, comme les morceaux d'un puzzle. Le premier, par sa lenteur et l'histoire de poupée qu'il raconte, en huis clos, évoque le théâtre Nô. Le second offre une vision terrifiante et absurde du milieu scolaire au Japon. Le troisième est mon préféré : il mêle le folklore et le fantastique japonais à une musique aux accents irlandais. Les fantômes de Kiyoshi Kurosawa ressurgissent le temps de ce chapitre. Le quatrième flirte avec les ménages à trois du cinéma de Hong Sang-soo. Il apporte une légereté trompeuse, un répit qui ne sera que de courte durée. Enfin, le cinquième, avec quelques longueurs qui auraient pu être évitées mais tout de même passionnant, nous donne la résolution du mystère.   

Personnellement, lorsque je suis sortie de la salle après avoir vu la première partie, j'ai tout de suite eu envie de connaître la suite. Je suis allée voir la deuxième partie le même jour. C'est un film à la violence omniprésente, tapie dans l'ombre et prête à vous sauter à la gorge mais c'est aussi un film fascinant, très beau, qui met au premier plan et avec originalité l'identité féminine, ses méandres, dans un pays que Kiyoshi Kurosawa révèle aussi inquiétant que les individus qui le peuplent. 

 

Publié dans critique de film

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