Sudoeste, d'Eduardo Nunes, 2011

Publié le par happy rain

Ouf! J'ai rattrapé ma déception de hier. Cette fois ci, je ne suis pas allée à l'aveugle au festival CinéLatino mais j'ai suivi mon instinct en lisant le programme avant. Enfin, c'est surtout la photographie en noir et blanc accompagnant la présentation du film, qui m'a donné envie d'aller le voir : au premier plan, dos à nous, une jeune femme ou une enfant qui court vers des maisons au milieu d'une campagne en bord de mer. Une photographie très esthétique, mystérieuse mais dont le mouvement interne peut tromper. 

http://4.bp.blogspot.com/-wpF0QGMr5pA/TmpEDXkKqHI/AAAAAAAAAUk/U5FQMlonfXE/s1600/%2B-%2BSUDOESTE%2B-%2BClarice%2Bjovem%2B3%2B%2528Raquel%2BBonfante%2529.jpg

Sudoeste est un film qui privilégie la lenteur. A la séance de 13h30 à laquelle j'ai assisté tout à l'heure, une dizaine de personnes sont sorties avant la fin du film, d'une durée de 2h08. Le début de Sudoeste m'a fait pensé à la première scène du Cheval de Turin du cinéaste hongrois Bela Tarr. Un plan sur une route et un cheval qui tire une carriole, avec un homme et une femme dessus. Mais alors que Bela Tarr nous plonge directement dans une atmosphère étouffante, par une mise en scène virtuose qui n'est pas sans rappeler le cinéma expressioniste allemand, Eduardo Nunes opte lui pour une entrée contemplative, à distance, qui laisse au contraire respirer le spectateur.

Mais Sudoeste n'est pas pour autant un film reposant, ou alors faussement. Comme tous les contes, il a sa part de cruauté. Et il demande au spectateur de rester attentif, tout en le laissant libre d'imaginer ce qu'il veut. Le traitement du son et de la lumière est assez époustouflant. Il n'a pas qu'une valeur esthétique. Il sert aussi à traduire ce qu'à d'irréelle ou de surréaliste la protagoniste principale. 

Je ne préfère pas raconter l'histoire de peur de trop en dire mais disons que Sudoeste est une sorte de réflexion onirique et poétique sur le temps. On se laisse d'ailleurs prendre au piège à plusieurs moments du film, ne sachant plus si l'on est toujours dans le même temps ou si les années ont passées. Ce film a une grande force évocatrice. Il m'a rappelé les romans de Laurent Gaudé mais aussi La Jetée de Chris Marker ou encore Il était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan. 

N'hésitez pas aller le voir. Il repasse d'ici la fin de la semaine à Toulouse. C'est vraiment un film à voir au cinéma. Une expérience sensorielle et intime assez belle! 

 


Publié dans critique de film

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